Cours et ressources en schémas

Géo Tale "Mondialisation et territoires" / Étude sur Shanghai.

 

UNE VILLE DANS LA MONDIALISATION : SHANGHAI

 

 

à Un espace attractif et intégré dans la mondialisation

à Des aménagements urbains et littoraux conséquents, manifestant l’intégration du territoire de la ville dans la mondialisation

à Des dynamiques sociales et territoriales révélant une situation incomplète et complexe

 

 

Introduction

 

L’aire métropolitaine de Shanghai comprend en 2015 plus de 18,9 millions d’habitants. La ville surclasse les métropoles mondiales par ses performances.

Pour autant, quel type de ville mondiale Shanghai est-elle ? Peut-on la classer dans le club très fermé des villes globales ? Son intégration dans la mondialisation est-elle complexe et reflète-t-elle des logiques d’urbanisation accélérées et mal gérées ?

 

 

 

1. Un haut niveau d’intégration régionale et mondiale :

 

A. Un pôle économique incontournable (schéma 1) 

 

La ville de Shanghai rassemble une multiplicité de fonctions assurant son insertion dans l’économie mondiale. Dotée du 8è aéroport et du 1^er port de conteneurs au monde, elle est dotée de la 6^ème place boursière et compte dans le Round international des flux de capitaux. Entre 1990 et 2010, elle est devenue un pôle de production significatif : 300 millions de voitures, 400 millions de réfrigérateurs, ou encore 800 millions de téléphones portables, y ont été produits puis exportés.

 

Grâce à Shanghai, la région fluviale entière du bas Yangzi est intégrée dans les circuits d’échange mondialisés : l’hinterland peut s’appuyer sur sa capacité productive et ses infrastructures d’import-export. Le fleuve Yangzi est devenu un axe maritime intérieur avec des flottes de conteneurs de plus de 15.000 tonnes. La gare de Hongqiao, dotée du TGV le plus rapide du monde, relie Beijing en 4h50, pour 1380 km ; le vieux centre de Shanghai se trouve à 50 minutes d’Hongqiao, via un tronçon spécifique.  

 

 

B. Une ville attractive (schéma 2)

Shanghai est située sur les routes historiques reliant la Chine et le monde. Elle tire partie des sièges sociaux des géants de la téléphonie (Huawei), de l’automobile (Shanghai General Motors) ou de l’énergie (General Electric).

Cette stratégie est payante : le complexe portuaire de Pudong – Waigoaqiao a attiré cette dernière décennie près de 300 sièges de firmes transnationales et 7 milliards $ d’investissements étrangers (soit 1/3 des IDE que reçoit le pays). Cela dynamise autant le tissu industriel classique que la recherche-développement. Depuis que les ports fluviaux du Huangpu ont été minimisés au profit de la côte, Shanghai n’a cessé de revendiquer plus de conquêtes et de prestige, comme le révèlent sur Pudong l’Exposition Universelle de 2010, ou le futur parc Disneyland qui y ouvrira en 2016.    

 

 

 

 

 

2. Des aménagements significatifs et propres à l’intégration mondiale 

A. L’exemple de la Zone Pilote de Libre-Échange (revoir schéma 1)

Reliée à la terre par le pont de Donghai, l’île de Yangshan a été aménagée d’un port de haute mer gigantesque, pouvant accueillir des super-vraquiers ou porte-conteneurs géants. Elle vient en 2013 d’intégrer la zone pilote pour les flux de capitaux internationaux, rejoignant le port et la zone industrielle de Waigoaqiao et l’aéroport de Pudong. Désormais, une série de lois permet aux entreprises étrangères de s’implanter sans les tracas administratifs habituels, favorisant un hub financier tel qu’il devrait pouvoir rivaliser avec Hong-Kong.

 

Cette place portuaire et financière nouvelle témoigne d’une adaptation très forte à la mondialisation : à Shanghai, les activités et les services sont littoralisés dès que possible. Les flux de marchandises sont captés au plus près des routes maritimes mondiales. L’intégration est voulue comme étant maximale.

 

 

 

B. Vieux centre, front de mer et urbanisation : innovations et modernité à Shanghai

 

La Shanghai actuelle est composée d’un ancien centre historique longeant l’affluent du Huangpu; l’on y trouve encore aujourd’hui les bâtiments de l’époque coloniale européenne, qui y avait ouvert des comptoirs dès le XIXè siècle (quartier du Bund) (schéma 3). Ce vieux centre a vu émerger le CBD de Liiujiazu, avoir d’étirer sa croissance vers le littoral (logement et  activités économiques des ZES de la rive Pudong) et vers l’intérieur des terres (plus pour l’habitat).

 

 

 

Les Zones Économiques Spéciales ouvertes à partir de 1990 lui ont assuré une place nouvelle à l’échelle mondiale. Elles ont été conquises sur des terres en friche ou marécageuses, dans la zone de Pudong à l’est, puis au sud sur la baie de Hangzhou. En face du vieux centre, les tours de la Perle d’Orient ou du World Financial Center se dressent dans le quartier d’affaires de Liujiazu et évoquent les CBD des métropoles de la Triade. La normalisation et l’intégration de la ville dans les réseaux d’échanges mondiaux a eut lieu de manière accélérée, après sa mise en sommeil sous Mao.

Cette stratégie de conquête du front de mer et du fleuve Yangzi (la « Golden Waterway ») a fait de la zone une interface mondiale de premier ordre. La zone est remplie d’une multitude de hubs portuaires, écoulant des centaines de millions de téléviseurs, comme plus d’un milliard de climatiseurs.

Shanghai veut s’établir comme la ville du XXIè siècle : plus propre, plus fonctionnelle, plus innovante. Le site de l’Exposition Universelle de 2010 est en voie de reconversion en gigantesque technopole, et va rejoindre le quartier high-tech de Zhangjiang ouvert en 1992. Shanghai se conçoit comme la tête de pont du Made by China : sous la direction de ses maires, la municipalité est à la tête d’une province de 23 millions d’habitants (2014) et se projette comme le centre du marché financier intérieur, ayant vocation à devenir le premier pôle économique d’Asie au XXIè siècle. 

 

3. Une intégration et une croissance plus complexes qu’il n’y paraît :

A.  L’exemple de Dongtan, ville écologique… fantôme (schéma 4)

Initié en 2007, le projet de construction devait exprimer la puissance de l’innovation chinoise : par ce nouvel espace urbain, la ville allait mieux gérer la saturation du trafic, inventer de nouveaux modes d’habitat passif et témoigner du prestige de la capitale économique chinoise.

Les acteurs tant publics que privés estimaient des retombées économiques et industrielles massives.

 

Mais les coûts excessifs, la politique des loyers socialement inégalitaire, les atteintes à l’environnement de la pointe de l’île de Chongming, ont rendu le projet non viable ; il a été « gelé » en 2010. Le bilan du projet révèle que la ville court après un prestige et une réputation de manière accélérée, à l’image de la frénésie commerciale mondiale, mais sans parfois prendre le temps de concevoir les entreprises dans la durée.  

 

 

 

B. Une ville nouvelle de la mondialisation, mais pas une ville neuve

Gentrification sociale : à l’image du quartier de Thames Town à Songjiang, au nom évocateur des docks londoniens, qui est financièrement inabordable pour beaucoup de Shanghaïens, la ville dévoile des pratiques sociales sélectives et un cloisonnement des populations par revenu.

Prolétarisation : près de 7 millions de migrants se sont entassés dans la municipalité de Shanghai en 2011 (contre 4 millions en 2000). Cette population de « travailleurs flottants » souligne la précarité de 20% de la main-d’œuvre de la ville, soumise plus que les autres au livret de résidence (le « hukou »).  

Le coût socio-environnemental de l’intégration à la mondialisation. L’artificialisation des modes de vie et des milieux naturels provoque des vagues de suicide dans la jeunesse shanghaienne. Avec une faible protection sociale et sanitaire, le désabusement guette ces populations. Les niveaux de pollution, aggravés par la période tropicale humide de mai à septembre, fait de la ville un lieu étouffant.    

 

Conclusion

Le territoire urbain de la mégapole de Shanghai témoigne des logiques à la fois d'intégration de la mondialisation et de sélectivité spatiale. L'espace est un enjeu principalement économique et les problématiques d'émancipation sociale sont reléguées au second plan des préoccupations. 

L'espace urbain est avant tout conçu pour être fonctionnel, réactif et convergent avec les flux et les réseaux qui animent les façades maritimes et océaniques mondiales.

La ville est toutefois un espace à vivre, pas seulement à travailler… 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TG3 Territoires et mondialisation 

 

TG4 Espaces maritimes, approche géostratégique = une ressource utile

http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/histoire-geographie-citoyennete/enseignement/evaluer/les-enjeux-geostrategiques-des-espaces-maritimes--684481.kjsp?RH=PEDA