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    Document ci-dessous : "L'eau, ressource essentielle"

     

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    Activité réalisée à partir d'un article de Courrier International, en date du 5 juin 2013.

    Auteur : Daniel BREHANE

    Lienhttp://www.courrierinternational.com/article/2013/06/06/le-barrage-de-la-discorde

    Localisation

    2G2 Etude de cas sur le Nil

     

    Texte

    ÉTHIOPIE, LE BARRAGE DE LA DISCORDE

    La construction d’un barrage sur le Nil en Ethiopie inquiète l’Egypte. Son autorité historique sur le fleuve est remise en cause par ses voisins africains.

    Lorsque j’étais au lycée, je suis parti en vacances en Egypte. Ce qui m’a le plus marqué, outre les sites ­historiques, les musées somptueux et les élégantes Egyptiennes, ce sont les réactions devant ma réponse quand on me demandait d’où je venais. 

    Grâce à mes quelques ­rudiments d’arabe, j’étais en mesure de répondre : “d’Abou Nil” – “le père du Nil”. Et chaque fois j’avais droit à la même réaction : “Ah, non, Allah est le père du Nil, pas l’Ethiopie !”

    C’est bien la nature qui a fait don de ce fleuve aux quelque 300 millions d’habitants de son bassin, de la Tanzanie à l’Egypte. Mais leurs réponses laissaient planer un sous-entendu : l’affirmation que l’Ethiopie ne peut être la source du Nil, et donc qu’il leur appartient exclusivement. Au lieu d’ouvrir un ­dialogue constructif pour aborder leurs préoccupations légitimes, la plupart des Egyptiens veulent que le débat [sur le partage des eaux du Nil] porte sur l’ensemble des ressources en eau de l’Ethiopie, y ­compris le potentiel de précipitations et les autres fleuves. Cette conception, valable bien sûr, reste un peu faiblarde pour asseoir leur revendication d’exclusivité sur le Nil. Mais ­surtout leur arrogance suprême est consternante.

    Epoque coloniale. Leurs arguments bénéficient d’un soutien de l’Occident, qui ne s’explique pas seulement par l’incessant travail de lobbying égyptien selon lequel le Nil serait l’unique source d’eau de l’Egypte, mais aussi par le fait que les traités signés à l’époque coloniale ont attribué à l’Egypte la ­jouissance de la quasi-totalité des eaux. Ils leur offraient un droit de veto sur tout projet de ­construction en amont du fleuve. 

    Bien que ces traités aient été rejetés par les pays en amont du fleuve à leur indépendance, les Occidentaux continuent de les juger valables, car la moindre revendication pourrait affecter leurs intérêts nationaux. C’est dans ce contexte que l’ambassadeur d’Ethiopie au Caire a déclaré que la construction du barrage “bat[tait] son plein”. Et depuis les médias regorgent d’articles “défavorables” sur le barrage de la Renaissance éthiopien (Gerd). Le président égyptien a convoqué mi-avril de hauts responsables érythréens par ce communiqué :“Mohamed Morsi se félicite de la position de l’Erythrée, qui soutient les droits historiques de l’Egypte sur l’eau du Nil”, et “espère pouvoir rencontrer le président érythréen, Issayas Afeworki, le plus rapidement possible”.

    Tout cela ­ne suffira ni à intimider l’Ethiopie ni à ­rassurer les Egyptiens. Le Parlement éthiopien a fait savoir que les travaux de la ligne électrique du barrage devaient débuter le mois prochain grâce à un prêt de 1 milliard de dollars consenti par son principal allié, la Chine. Cette dernière nouvelle a été ­annoncée par un journal égyptien sous un titre peu surprenant : “Catastrophe”. Le seul ­encouragement ­provient d’Ehab Fahmy, porte-parole de la présidence égyptienne. Il a déclaré qu’il était inutile de paniquer : si ce barrage a des effets négatifs, les Ethiopiens “se montreront compréhensifs, ils ne laisseront pas l’Egypte en pâtir”. 

    Et si les Egyptiens étaient en train d’admettre que l’Ethiopie est bien “Abou Nil” ?

     

     

     


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